Incivilité - Encore exceptionnelle, la violence envers les services médicaux tend à augmenter.
Par Marie Prieur - Tribune de genève
L'arrière de l'ambulance est recouvert de dessins obscènes, de tags et d'inscriptions insultantes.
Il a fallu trois heures et un bon coup de polish pour lui redonner sa couleur d'origine. Fabriquées dans un matériau spécifique, les bandes réfléchissantes ont, elles, dû être remplacées. En tout, la mauvaise plaisanterie aura coûté la bagatelle de 1800 francs. «On ne peut pas laisser passer», s'indigne Olivier Gonin, le patron d'Ambulances Service. D'autant que le sort semble s'acharner sur sa société. C'est la seconde fois en une semaine que l'un de ses véhicules subit un mauvais traitement.
Vendredi, vers 22 h, une ambulance est appelée en urgence au square Pradier. D'après la centrale, un jeune homme, de 15 ans, est à terre, inconscient. Arrivés sur place, les deux ambulanciers le font monter dans leur véhicule à l'aide de ses amis et commencent les contrôles d'usage.
«Au bout d'une dizaine de minutes, j'ai senti l'ambulance bouger et j'ai vu quelqu'un écrire.» Olivier Gonin se précipite hors du véhicule et se lance à la poursuite du tagueur. «J'ai bien couru pendant deux kilomètres sans parvenir à le rattraper.» Il revient finalement sur ses pas et ne peut que constater l'ampleur des dégâts. C'est alors qu'il remarque que les inscriptions sur le véhicule correspondent aux dessins sur le torse du blessé. Refusant de répondre aux questions des ambulanciers, ce dernier est transféré en pédiatrie, alors qu'Olivier Gonin avise sa mère de la situation. Suite à la plainte déposée par l'ambulancier, l'adolescent devrait être interrogé par la police. «Même si les parents proposent de payer, cela ne suffit pas. Il faut qu'il y ait une trace. Si ce jeune est capable de faire cela à 15 ans, que fera-t-il à 18?», s'interroge Olivier Gonin.
Le patron est échaudé par une précédente agression. Une semaine auparavant, il rentre d'une intervention avec une blessée légère et un passager à son bord. Arrêté au feu rouge, boulevard Helvétique, il voit un homme, sans doute ivre, courir vers le véhicule en lançant des insultes et bondir sur le capot. Là encore, Olivier Gonin dépose plainte contre X.
Gilets de protection
Cela fait vingt ans qu'il exerce ce métier avec passion et ne peut s'empêcher d'être déçu face à ce type de comportement. «On vient pour les aider», s'exclame-t-il. Et d'ajouter: «Avant, ce type d'agressions était le fait d'une minorité, de marginaux. Aujourd'hui, cette violence physique s'est propagée. Il me semble qu'il y a de plus en plus de risques.» Un constat partagé par le commandant du Service d'incendie et de secours, Raymond Wicky: «Il est évident qu'il n'est pas toujours facile d'exercer le métier d'ambulancier. Et il est vrai que cette violence gratuite tend à se renforcer, même s'il est difficile de dater ce changement de société.»
De son côté, Olivier Gonin refuse de mettre en danger ses collaborateurs. Il envisage donc de leur faire porter des gilets de protection. «En même temps, il ne faut pas que cela soit visible, car cela peut être perçu comme un signe d'agressivité.» Un équilibre difficile à réaliser entre la sécurité de ses employés et la mission de secours des ambulanciers.
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Je trouve ça désolant d'en arriver là.... à méditer