Un petit mai 68
PARIS Confronté à une situation alarmante, le gouvernement multiplie les appels au dialogue tout en affichant sa détermination à rétablir l'ordre
LEMATIN AVEC LES AGENCES
04 novembre 2005
Alors qu'incidents et agressions se multiplient depuis une semaine et qu'ils ont tendance à gagner les départements voisins, l'exaspération des habitants est maintenant à son comble. Le gouvernement français a multiplié les consultations, hier, pour tenter de trouver une issue aux émeutes dans les banlieues pauvres autour de Paris, après une nouvelle nuit de violences durant laquelle plus de 500 véhicules ont été incendiés. Une situation qui n'est pas sans rappeler les événements de Mai 68. Près de 80 véhicules ont aussi été brûlés dans le reste du pays, laissant craindre une contagion de ces violences urbaines, les plus importantes recensées ces dernières années.
Cette nuit, pour la neuvième fois, de nouveaux actes de violences ont été signalés autour de Paris. Les premiers incidents sérieux ont débuté peu avant 20 heures dans le Val-d'Oise par des feux de poubelles et par les premiers incendies de voitures, sur les communes de Villiers-le-Bel et Garge-lès-Gonesse.
Très vite, les violences se sont multipliées: deux immenses entrepôts étaient en feu à Aubervilliers, un bus vandalisé avait essuyé des tirs à balles réelles à Sarcelles, et magasin Franprix avait été attaqué à Montmagny, alors qu'un incendie ravageait un parking souterrain à Persan.
En Seine-et-Marne, les pompiers, qui intervenaient pour un malaise dans la résidence des Fougères à Meaux, se sont retrouvés bloqués dans l'appartement de la victime après avoir été caillassés. Leurs agresseurs n'ont pas hésité à incendier l'ambulance qui devait évacuer le blessé.
Depuis le début des émeutes, le 27 octobre, quelque 1260 véhicules ont été incendiés, et environ 230 personnes ont été interpellées dans la région parisienne, selon la police. Mercredi, une handicapée de 56 ans a été gièvement brûlée lors de l'attaque d'un bus alors incendié près de Paris.
Confronté à sa plus grave crise depuis sa prise de fonctions, en juin, le premier ministre, Dominique de Villepin, qui prône le dialogue et la fermeté, veut mettre en place, d'ici à la fin du mois, un «plan d'action» pour les banlieues.
«Le problème, c'est qu'ils touchent des gens qui sont comme eux. Qu'ils aillent cramer là où il y a de l'argent», lance Caroline Bourré, qui habite un quartier pauvre.
Les images d'affrontements et d'incendies ont conduit la Russie et la Finlande à recommander à leurs ressortissants d'éviter la banlieue de Paris.
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